LA
COHABITATION ENTRE TRAMWAY ET VELO (extraits)
DEFINITION ET REGLEMENTATION
La cohabitation entre vélo et tramway se définit
comme la circulation d’un tramway et d’un
cycliste à proximité directe. Cette cohabitation
s’effectue généralement sur le même
espace linéaire (ou voie réservée), à
savoir le site propre du tramway.
La circulation des tramways est régie par une réglementation
qui rend ces véhicules du transport public le plus souvent
prioritaires sur la chaussée. Le décret N°42-730
du 22 mars 1942, toujours en vigueur, est relatif à l’administration
du tramway par la Police. Il s’applique aux «tramways
urbains» qu’il définit comme des «voies
ferrées d’intérêt local, établies
sur des voies publiques dans les agglomérations et leur
banlieue et affectées seulement au transport de voyageurs
et éventuellement des messageries».
Ce décret présente les règles de priorité
propres aux véhicules « appartenant au service de
la «voie ferrée» : à l’approche
d’un tramway, «tout piéton, cavalier ou conducteur
de véhicule a l’obligation de dégager immédiatement
cette voie et de s’en écarter de manière à
livrer le passage au matériel qui y circule». Cette
loi s’applique donc aux cyclistes qui doivent céder
la priorité aux tramways. Ce décret interdit le
stationnement de tout objet ou animal sur la voie ferrée
du tramway. Il fixe l’obligation d’utiliser une signalisation
spécifique aux tramways établis sur les voies publiques,
ainsi que les modalités «d’annonce de l’approche
des trains aux usagers de la route». Cette réglementation
prévoit aussi une liste d’obligations afférentes
aux conducteurs des tramways tenus de signaler par avertisseur
sonore leur approche aux usagers de la route circulant sur le
site propre du tramway.
C’est le Code de la Route qui réglemente
le dépassement des tramways (articles R. 15, R. 16, R.
17, R. 29 et R. 228 1°b) : «le dépassement d’un
véhicule circulant sur une voie ferrée qui emprunte
la chaussée doit s’effectuer à droite lorsque
l’intervalle existant est suffisant. Il peut toutefois s’effectuer
à gauche sur les routes à sens unique ou sur les
autres routes lorsque le dépassement laisse libre toute
la moitié gauche de la chaussée» (art. R.
15). Mais le dépassement d’un tramway est interdit
lorsque celui-ci est à l’arrêt et que les voyageurs
montent ou descendent (art. R. 16).
Le Code de la Route prévoit certaines règles concernant
la priorité du tramway : «Lorsqu’une voie ferrée
est établie sur une route ou la traverse à niveau,
la priorité de passage appartient, sauf dans le cas des
tramways prévu par les dispositions de l’article
R. 228 (1°b), aux matériels circulant normalement sur
cette voie ferrée» (art. R. 29). La jurisprudence
établie par la Cour de cassation (17 octobre 1990) a estimé
qu’un automobiliste dont le véhicule avait été
heurté par un tramway ne pouvait prétendre à
aucune indemnisation.
La Loi N°85-677 du 5 juillet 1985 (ou «Loi
Badinter») concerne l’amélioration de la situation
des victimes d’accidents de la circulation et de l’accélération
des procédures d’indemnisation. Cette loi fait aussi
référence à la notion de «voie propre»
: la circulation réservée aux tramways est séparée
de la rue par un terre-plein planté d’arbustes formant
une haie vive ; une voie ferrée implantée sur la
chaussée, dans un couloir de circulation qui lui est réservé,
doit être délimité d’un côté
par le trottoir, et de l’autre par une ligne blanche continue.
En plus de ces diverses réglementations, la circulation
des tramways urbains est régie par des règlements
émis directement par les sociétés exploitantes
des tramways. Selon l’art. 72 du décret du 22 mars
1942, ces règlements doivent être soumis à
l’approbation du Secrétaire d’Etat Chargé
des Transports (CERTU, 2000, ).
ETAT DES LIEUX DES PRATIQUES DE COHABITATION TRAM / VELO
EN FRANCE
Pour effectuer un état des lieux des pratiques de cohabitation
entre vélo et tramway en France, l’enquête
sur « La complémentarité entre vélo
et transport public » à été à
utilisée.
En 2001, 4.5% des villes ayant participé à l’enquête
ont déclaré connaître des pratiques de cohabitation
tram/vélo. Pour permettre la cohabitation avec le vélo,
il est nécessaire que la voie réservée au
tramway soit équipée d’une piste cyclable
parallèle. Deux cas de figue se présentent alors
: soit il existe une piste cyclable en site propre bidirectionnelle
parallèle à l’emprise du tramway, soit il
existe une piste cyclable unidirectionnelle de chaque côté
du site propre du tramway. Cette cohabitation fait l’objet
d’une signalisation spécifique : panneaux type B22a
(piste/bande cyclable obligatoire), logos vélos et flèches
peints au sol (...).
GESTION DES ARRETS DE TRANSPORT PUBLIC
La présence d’arrêts ne crée
aucune gêne spécifique aux cyclistes en cohabitation
avec les tram. En fonction du nombre de tramways à
l’heure (fréquentation), de la localisation des arrêts
(centre ville/périphérie) et aussi selon les trajets
des cyclistes, ceux-ci sont souvent contraints de circuler directement
sur le site propre du tram. Cette situation a été
observée à Amsterdam, Bâle, Freiburg, Grenoble,
Helsinki, Milan, Oslo et Stockholm (voyages d’études,
1997-2003). Aucune de ces villes ne possède d’aménagements
spécifiques pour les cyclistes prévoyant l’évitement
des arrêts de tramway.
Notons que chacune de ces villes européennes possède
un centre ville piétonnier où les voitures ont été
interdites. Cette configuration urbaine a pour conséquence
directe de réduire les types d’utilisateurs de la
voirie : seuls sont autorisés les véhicules de transport
public, les camions de livraisons, les véhicules à
traction animale (ex : charrues à Helsinki et Strasbourg),
les piétons et les cyclistes.
La circulation automobile étant quasi inexistante, le
danger est moindre pour les cyclistes. Aucun
aménagement superflu n’est donc nécessaire
pour les vélos, même en situation de cohabitation
avec les tramways (à la différence des arrêts
de bus situés sur les couloirs mixtes bus/vélo).
Durant nos investigations, une caractéristique spécifique
aux arrêts de tramway a été observée
: certains sont équipés de stationnement
vélo à proximité directe. Ces types
de parkings représentent une méthode d’aménagement
puisque ce dispositif est mis en place systématiquement
dès qu’une ligne de tramway est créée
(ex : Grenoble, Montpellier, Strasbourg, Nantes).
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Bibliographie (non exhaustive) :
SEBBAN, A-C., . Enquête sur «La complémentarité
entre vélo et transport public». Journée Technique
du CLUB DES VILLES CYCLABLES. Paris : CVC - GART,
juin 2001, 11 pages.
SEBBAN, A-C. La complémentarité entre vélo
et transport public. Thèse de doctorat sous la direction
d’Alain MOTTE, Institut d’Aménagement Régional,
Aix-en-Provence : IAR, décembre 2003.
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