L'INTERMODALITE
TRAIN + VELO (extraits)
La Politique vélo SNCF
Pour cette analyse, nos ambitions sont les suivantes : décrire
et expliquer la politique vélo SCNF dans ses caractéristiques
essentielles. Toutefois, les méthodes d’investigations
qui ont été utilisées pour décrypter
cette politique intermodale diffèrent partiellement des précédentes.
Ici, nous avons utilisé la recherche-action de façon
prolongée : neuf mois de collaboration professionnelle au
sein du Pôle Environnement SNCF.
Deux étapes vont être nécessaires pour définir
la politique vélo de la SNCF : dans un premier temps, nous
procèderons à une brève évocation
historique de l’intermodalité train + vélo.
Ceci nous permettra de rappeler que la SNCF avait mis en place une
première politique vélo dans les années 1980.
Puis, dans un deuxième temps, nous traiterons de la
seconde politique vélo SNCF (1998).
Les thèmes suivants seront abordés tour à
tour : périodes de développement de l’intermodalité
train + vélo en France, inauguration de la politique vélo
SNCF, objectifs, clientèles ciblées, axes d’intervention,
méthode, état d’avancement du plan d’action,
recommandations aux Régions SNCF, état des lieux national,
évolution, exemples d’actions et bilan provisoire de
la politique vélo SNCF. Au terme de notre analyse, nous nous
interrogerons sur cette politique vélo (...) :
Quelle a été la nature de la
politique intermodale train + vélo de la SNCF ?
La SNCF peut-elle être considérée comme
un mécène en matière de complémentarité
entre vélo et transport public ?
Quelles ont été les logiques
de la compagnie ferroviaire dans la mise en place puis le développement
de sa politique vélo ?
La création de services vélo à la SNCF
a-t-elle permis d’augmenter la pratique du vélo
en France ?
Quel a été le degré de profit de
l’image du vélo par la SNCF ?
Quel est le degré de viabilité de la
politique vélo de la SNCF ?
PERIODES DE DEVELOPPEMENT DE L'INTERMODALITE TRAIN + VELO
EN FRANCE :
Il existe trois périodes majeures dans
le développement de l’intermodalité train +
vélo en France :
1 / La première période s’étend
de 1914 à 1986. Nous la qualifions
« d’intermodalités contextuelles ». Les
premières pratiques françaises d’intermodalité
entre train et vélo datent de la Première Guerre Mondiale
(entretiens avec des anciens cheminots, archives SNCF, 2000). Quatre
phases de rupture ont marqué cette première période.
Elles correspondent chacune à des contextes économiques
(crises, problèmes d’approvisionnement en carburants),
historiques (guerres) et sociaux (lois) exceptionnels où
de nombreux cyclistes furent obligés (captifs) de pratiquer
occasionnellement et dans des contextes très précis
l’intermodalité train + vélo :
N° |
Périodes
de ruptures |
Contextes exceptionnels |
Types de contextes |
1 |
1914 - 1918 |
1ère Guerre Mondiale |
Historique |
2 |
1939 - 1945 |
2ème Guerre Mondiale |
Historique |
3 |
Eté 1936 |
Congés payés |
Social / législatif |
4 |
1973 - 1974 |
Chocs pétroliers |
Economique |
SNCF. Politique vélo. Périodes et contextes
de l’histoire de l’intermodalité train + vélo
en France. SEBBAN A-C., Aix, 2003.
Pratique du vélo durant la Seconde Guerre Mondiale
«En France, la guerre de 1939, puis l’occupation allemande
avaient pratiquement supprimé la circulation automobile civile.
La bicyclette palliaiit le manque de moyens de transport. Le réseau
routier lui était pratiquement réservé. De
multiples magasins ou ateliers assuraient les réparations.
Des cartes de l’époque montrent l’extraordinaire
densité des points de services dans la région parisienne
à la fin de la guerre».
DUPUY, G., 1999.
2 / La seconde période, que nous avons qualifiée
«d’intermodalités occasionnelles», couvre
les années 1986-1998. Elle correspond à la
première politique vélo SNCF. Bien qu’ambitieuse,
cette politique a échoué rapidement pour plusieurs
motifs. En voici les principaux : le contexte était alors
plus favorable à la voiture et au transport public plutôt
qu’au vélo ; les notions de développement durable
et de protection de l’environnement étaient encore
peu présentes dans l’esprit des français ; en
tant que spécialistes du transport ferroviaire, les agents
SNCF ne disposaient pas d’une formation suffisante pour œuvrer
dans le domaine du vélo (entretien avec service DDPU*, 1998).
Malgré l’avortement de cette politique, la SNCF a connu
une multiplication des pratiques intermodales train+vélo
: stationnement des vélos en gares et lente progression des
pratiques d’embarquement des vélos à bord des
trains.
3 / Une troisième période, de 1998 à
2004, représente une phase «d’intermodalités
organisées». Celle-ci correspond à
la seconde politique vélo SNCF. Mise en place depuis 1998,
cette dernière a tiré profit des erreurs passées
: des bases différentes ont été mises en place
pour développer les relations entre train et vélo.
Egalement, en 1998, le contexte en présence était
des plus favorables pour entreprendre la promotion de l’intermodalité
du train+vélo : c’est à cette époque
que les PDU* ont été réalisés et que
les circulations douces ont connu nouvel essor (surtout le vélo).
Un événement particulier a permis de poser les jalons
d’une nouvelle politique vélo au sein de la SNCF :
la convention signée en 1998 entre le Club des Villes Cyclables
et la SNCF. Les objectifs de celle-ci étaient les suivants
: «étendre le périmètre traditionnel
d’accès aux gares de 1 à 5 kilomètres
; accompagner une tendance croissante des déplacements vélo
(utilitaires et loisirs) ; contribuer aux objectifs généraux
en matière d’environnement et de qualité de
vie» (CVC, 1998, B). Un an plus tard, le 21 septembre 1999,
la nouvelle politique vélo de la SNCF a été
officiellement lancée à l’occasion du premier
colloque sur «L’intermodalité train + vélo
en Europe» organisé par la société ferroviaire.
Au cours de cet événement, le Président de
la SNCF a inauguré personnellement la politique vélo
de la société par le discours suivant :
DISCOURS DE LOUIS GALLOIS SUR LA POLITIQUE VELO SNCF :
«Aujourd’hui, la pression d’une partie de la
clientèle, mais aussi l’option prise par l’Entreprise
au travers de son projet industriel de se placer dans le développement
du transport public, de l’intermodalité et de la préservation
de notre environnement, nous incite à nous positionner, de
façon positive, à l’égard du vélo.
Les programmes en faveur des vélos (bandes cyclables, pistes
aménagées, parcs de stationnement…) engagés
par nos partenaires du transport de proximité, ainsi que
la mise en place des Plans de Déplacements Urbains (PDU)
obligatoires pour les villes de plus de 100.000 habitants, nous
encouragent à rejoindre le niveau d’équipement
de nos voisins du Nord de l’Europe.
Dans ce contexte incitatif, la ligne de conduite retenue est de
favoriser le rabattement des vélos sur les gares dites «
pendulaires », en créant des parcs de stationnement
; d’offrir sur les relations Grandes Lignes les plus demandées,
des places pour les vélos ; de satisfaire la demande dans
les trains Express Régionaux. Cette démarche est celle
d’une entreprise soucieuse de ses clients et attentive à
toutes les évolutions favorables à la qualité
de vie».
SNCF-IGP-AM et MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT. Louis GALLOIS.
Discours d’ouverture du colloque «L’intermodalité
train + vélo en Europe». 21 septembre 1999. SNCF :
IGP-AM, Paris.
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Bibliographie (non exhaustive) :
SEBBAN, A-C. La complémentarité
entre vélo et transport public. Thèse de doctorat
sous la direction d’Alain MOTTE, Institut d’Aménagement
Régional, Aix-en-Provence : IAR, décembre 2003.
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de complémentarité.
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